3. Arrivée de Frontenac en Nouvelle-France

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Échapper à ses créanciers

C’est au château de Versailles, le 7 avril 1672, que le roi Louis XIV signe l’acte de nomination de Louis de Buade de Frontenac à titre de gouverneur et de lieutenant général du Canada. 

Le nominé a alors 50 ans. Il s’agit certes d’un âge avancé, surtout pour l’époque, mais Frontenac n’a rien à perdre et tout à gagner: en effet, ce mandat colonial va lui permettre mais cela permettait à Frontenac de fuir ses créanciers. Son épouse Anne de la Grange restera en France.

Portrait imaginaire de Frontenac. Estampe parue dans Mary Wilson Alloway, Famous firesides of French Canada, 1889, p. 38. Domaine public.

Un trajet de 71 jours

Parti de La Rochelle le 28 juin 1672, Frontenac arrive à Québec le 7 septembre, après une pénible traversée de 71 jours. 

Il arrive dans une ville encore très modeste. L’ensemble de la Nouvelle-France ne compte alors qu’environ 6700 colons!

L’arrivée de Frontenac à Québec, 1672, toile marouflée sur panneau de bois, Jean-Claude Légaré, 2008. Cette toile est exposée au 2e étage de l’Hôtel du parlement, siège de l’Assemblée nationale, à Québec. Photographie de J.-F. Caron, Société historique de Québec. 

Une impression favorable

Les premières impressions du nouveau gouverneur sont des plus favorables. Sitôt arrivé, il écrit au ministre Jean-Baptiste Colbert qu’il a trouvé le pays est moins sauvage qu’il ne se l’était imaginé.

Il ajoute: « Rien ne m’a paru si beau et si magnifique que la situation de la ville de Québec, qui ne pourrait pas être mieux postée quand elle devrait devenir un jour la capitale d’un grand empire .» 

Représentation de Frontenac tenant à la main un extrait de la lettre écrite à Colbert en 1672. Fresque des Québécois à Place Royale, Québec. Wikimedia Commons.

Reconnaître le nouveau gouverneur

Il importe aussi d’officialiser l’arrivée de Frontenac en procédant à l’enregistrement des lettre patentes émises par le roi.

Transcription du texte avec orthographe modernisée :

« Du douze septembre 1672. Le Conseil assemblé auquel présidait messire Daniel de Rémy, chevalier seigneur de Courcelle gouverneur et lieutenant général pour le Roi en la Nouvelle-France, Acadie, île de Terre-Neuve et autres pays de la France septentrionale, et où assistaient messire Jean Talon, conseiller de sa Majesté en ses Conseils d’état et privé, intendant de la justice police et finances lesdits pays, Messieurs de Tilly, Damours, Tesserie, Dupont et de Mouchy. Le substitut du procureur général présent.

Vu au Conseil les lettres patentes du Roi données à Versailles le septième avril dernier, signées, Louis, et sur le repli par le Roi Colbert et scellés du grand sceau en cire jaune, par lesquelles sa Majesté aurait établi gouverneur et lieutenant général en Canada, Acadie, île de Terre-Neuve et autres pays de la France septentrionale, haut et puissant seigneur messire Louis de Buade Frontenac chevalier comte de Palluau conseiller de sa dite Majesté en ses Conseils; ouï et ce requérant le substitut du procureur général, le Conseil a ordonné et ordonne que lesdites lettres seront registrées au greffe d’icelui, pour être exécutées selon leur forme et teneur.

COURCELLE  TALON. »

Arrêt d’enregistrement des lettres patentes de Sa Majesté portant nomination de Louis de Buade Frontenac, chevalier, comte de Palluau, comme gouverneur de la Nouvelle-France, 12 septembre 1672. BAnQ, Fonds Conseil souverain, TP1,S28,P762.

Au sommet de la hiérarchie coloniale

À titre de gouverneur de la Nouvelle-France, Frontenac représente le pouvoir royal dans la colonie. Il doit toutefois partager le pouvoir et les responsabilités avec le Conseil souverain et l’intendant de la Nouvelle-France : cette structure et ce poste d’administrateur, qui viennent tout juste d’être créés (1663), amoindrissent les attributions du gouverneur général, qui cumulait auparavant les pouvoirs législatif, judiciaire et militaire.

S’il demeure tout en haut de la pyramide sociale de la Nouvelle-France, Frontenac devra se « contenter » d’exercer le pouvoir militaire en assumant le commandement direct et suprême des troupes régulières et des milices dans la colonie.

Frontenac n’aura le temps de travailler avec l’intendant Jean Talon que pendant quelques semaines, ce dernier repartant pour la France en novembre 1672.

Rencontre entre Frontenac et Talon. Illustration : J.D. Kelly, vers 1910. BAnQ, P600,S5,PIMC,024. Domaine public.

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