4. Vie quotidienne d’un gouverneur

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Le château Saint-Louis, siège du pouvoir

Le château Saint-Louis est la résidence du gouverneur général. Surveillé en permanence par une garde militaire, il est le centre des opérations diplomatiques de la colonie et le lieu où le gouverneur répond à la volumineuse correspondance officielle avec la cour. Le gouverneur y tient de nombreux banquets, réceptions et même des pièces de théâtre. C’est aussi au château Saint-Louis que les seigneurs convergent pour rendre foi et hommage au roi (par l’entremise du gouverneur) avant de prendre possession de leur seigneurie.

Or, à l’arrivée de Frontenac en 1672, le château est en très mauvais état…

Plan du fort Saint-Louis en 1683, par Jean-Baptiste Louis Franquelin. Archives nationales d’outre-mer, 3DFC374B. Domaine public.

Un logis digne de la fonction

Il faut dire que la construction du château a été réalisée sous le premier gouverneur, Charles Huault de Montmagny, à la fin des années 1640. Il n’est donc pas étonnant que, près de trente ans plus tard, l’édifice soit détérioré. Les murs de l’enceinte du fort tombent aussi en ruines. Le 2 novembre 1681, Frontenac écrit au marquis de Seignelay : « Le mauvais état où j’ai mandé plusieurs fois qu’était l’enceinte des murailles du château de Québec, m’oblige, Monsieur, à vous supplier de considérer si vous ne jugerez pas à propos de faire quelque dépense pour les rétablir. Elles sont toutes à bas ; il n’y a plus de portes, ni de corps de garde, et c’est un lieu tout ouvert où l’on peut entrer de tous côtés. »

Après avoir fait quelques rénovations, Frontenac fait tout simplement démolir le vieux château et, de 1694 à 1698, en ait construire un nouveau, plus spacieux et à deux étages.

En haut: Le premier château Saint-Louis commencé en 1647, démoli en 1694. En bas: Le château Saint-Louis, reconstruit par M. de Frontenac (1694-1698) ; terminé en 1700, sous le gouvernement de M. de Callière. Estampes dans Ernest Gagnon, Le Fort et le château Saint-Louis: étude archéologique et historique, 1895, p. 17 et 29. BAnQ, 0002727315.

Gloire et architecture

Par la construction du nouveau château, Frontenac tente aussi de concurrencer monseigneur de Saint-Vallier, avec qui ses démêlés sont bien connus. De son côté, l’évêque amorce la construction d’un palais épiscopal sur les abords de la côte de la Montagne, à quelques centaines de mètres à peine du château. Pour son palais, l’évêque a choisi la forme de l’hôtel particulier parisien adopté par les aristocrates. Frontenac riposte en embauchant François de la Joue, alors un des plus importants architectes de la ville.

Si elle peut sembler banale à nos yeux, la rivalité entre l’évêque et le gouverneur est assez typique dirigeants de l’époque. L’architecture sert à l’embellissement des villes, pour la plus grande gloire du roi… Ces deux constructions, qui dominaient la falaise, sont les premières qu’on aperçoit à l’arrivée à Québec.

Cartouche de la Carte de l’Amerique Septentrionale de Jean-Baptiste Louis Franquelin, hydrographe du roy, 1688. Library of Congress Geography and Map Division Washington, D.C. 20540-4650 USA dcu.

Un décorum au service du roi

Personnage de prestige, le gouverneur a le rang de lieutenant général dans les armées royales. Il jouit d’ailleurs d’un protocole digne d’un maréchal de France : il a sa place d’honneur à la cathédrale, il possède sa propre compagnie de gardes, il ne se déplace qu’accompagné d’officiers, de laquais et d’un tambour…

Ce qui n’est pas pour déplaire à Frontenac, soucieux de son image! Dans le privé, il a toujours vécu au-dessus de ses moyens. Auréolé du titre de gouverneur général, donc de représentant du roi, il a toute la légitimité de faire les choses en grand. Il a un garde du corps, deux ou trois secrétaires, un aumônier, un médecin et plusieurs domestiques. Il donne fréquemment des banquets et des réceptions. Chaque année, à l’arrivée des navires d’approvisionnement ou à l’annonce de victoires de Louis XIV, Frontenac fait tirer des salves et lancer des feux d’artifice.

Estampe de James Lovell Wiseman dans A. Leblond de Brumath, Précis d’histoire du Canada à l’usage des écoles primaires, 1895, p. 44.

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